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 JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. »

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J. Sloane-Lou Breeland

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MessageSujet: JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. »   JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. » Icon_minitimeVen 11 Nov - 19:18

JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. » 654360Autre021
JULES SLOANE-LOU BREELAND


ÂGE ϟ 24 ans
DATE DE NAISSANCE ϟ 25 décembre 1987
VOTRE CRIME ϟ A enlevé un enfant
GROUPE ϟ Rebels
ÉTUDES/MÉTIER ϟ Baby-Sitter
SCENARIO PV OU INVENTEϟ Inventé
STAR ϟ Dianna Perfection Agron
CARACTERE ϟ secrète - impatiente - mystérieuse - agressive - têtue - sensible - froide - susceptible - rancunière - impulsive - joueuse - souriante - charmeuse - amusante - déterminée - passionnée - créative - attentive - à l'écoute - tendre - attachante - fragile - intelligente - manipulatrice - despotique - exigeante - jalouse - possessive - perfectionniste - curieuse - maladroite avec les sentiments - empathique - sarcastique.
ϟ Dirty little secrets


ღ Pourquoi vous vous êtes fait arrêté ? Parce que j'ai enlevé une petite fille.
ღ Vous sentez vous coupable ? Coupable, oui, je le suis. Techniquement. Mais je l'ai fait pour son bien, ce n'était pas pour faire du trafic d'enfants ou quoi que ce soit, cette petite mérite vraiment une vie meilleure, une meilleure famille, et j'ai l'impression que n'importe laquelle aurait pu être meilleure que la sienne.
ღ Qu'est ce qui vous a poussé à rentrer dans le centre ? Me retrouver seule dans la ville après deux ans en prison, ça me paraissait insensé. Les gens vivent tellement à dix milles lieues de ce qu'on endure dans ces bâtiments pénitenciers... Ce centre me sert de transition, en quelques sortes. Et puis de toute façon, c'était une condition si ne qua non pour que je puisse sortir de tôle, alors je n'ai pas réfléchi plus longtemps. Il était hors de question que je reste encore dans cette "maison de repos". C'est une sorte de liberté conditionnelle, on me surveille, je n'aime pas vraiment ça mais psychologiquement, je sais que c'est nécessaire pour ma réintégration à la société... et quelle société...
ღ êtes vous prêt à la rédemption ? Je n'ai rien à me reprocher. Alors il n'y a pas vraiment de rédemption à avoir. Cela dit, je veux bien afficher un grand sourire pour que le juge signe définitivement ce petit bout de papier qui peut me rendre ma liberté totale, et même pourquoi pas me permettre de songer à adopter Winnie.
ღ Combien de temps êtes-vous resté en prison? Deux ans. J'étais censée en faire une vingtaine, mais ils se sont rendus compte que je n'avais pas tant d'éléments à charge -ce que je leur disais depuis le début.
ღ Quel âge aviez-vous lorsque vous avez été arrêté? 22 ans.
ღ Si c'était à refaire, le referiez-vous? Oui. Un grand oui. J'ai fait le bon choix.


ϟ Where have you gone?


Née dans une famille de classe moyenne. ♣️ a toujours vécu à New York ♣️ s'est brouillée avec sa famille lorsqu'elle a arrêté les études et est sortie avec son ami d'enfance. ♣️ est partie vivre avec lui à Toronto. ♣️ a travaillé comme nourrice et serveuse pendant quelques années. ♣️ a enlevé une petite fille mal traitée par ses parents. ♣️ est restée deux ans en prison. ♣️ à sa sortie, elle intègre le centre Another Way.


ϟ You and I


VOTRE PSEUDO ϟ June
VOTRE ÂGE ϟ 17 ans
OÙ AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ϟ parce que je suis dans le staff (a)
CODE RÈGLEMENT ϟ OK By JSLB.
AUTRE ϟ AW ROOOOCKS pompom



Dernière édition par J. Sloane-Lou Breeland le Ven 30 Déc - 18:50, édité 12 fois
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MessageSujet: Re: JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. »   JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. » Icon_minitimeVen 11 Nov - 19:27

ϟ Be the one and only.


« mais arrête, Aydan, t'es trop nul d'abord! » Aydan me lança alors un regard plein de rancœur parce que j'avais osé le traiter de nul. Un regard également empli de tristesse, il m'en voulait terriblement, parce que j'avais blessé son orgueil de petit garçon de 6 ans. C'était mon meilleur ami, Aydan, mais comme tous les enfants de six ans, il nous arrivait de nous disputer. « d'abord les filles sont des menteuses. t'es une menteuse. je suis pas un nul. » Ses petits yeux étoilés me transcendaient d'une force extraordinairement fragile, celle dont seule la pureté enfantine savait faire preuve. Il n'avait qu'à me rendre ma barbie, s'il voulait que j'arrête d'affirmer qu'il était méchant. « Si je te rends Barbie princesse trop moche, je suis encore un nul? » « Je sais pas. J'ai plus envie d'avoir la Barbie finalement, je vais jouer à autre chose t'es pas drôle. » Déjà à 5 ans, j'étais une chieuse. Je me dirigeai donc vers une autre occupation, alors que lui balançait ma poupée sur le côté; s'il voulait me la rendre, elle n'avait plus de valeur à mes yeux et si elle n'avait plus de valeur à mes yeux, elle en avait encore moins aux siens. Il s'approcha alors de moi jusqu'à pouvoir me tapoter sur l'épaule pour que je me retourne. « Quoi? » « Tu veux pas être mon amoureuse? » « Encore?! mais hier j'étais déjà ton amoureuse. » « Oui mais aujourd'hui si tu veux je te demande en mariage. » Je haussai alors une épaule, prétendant être plus concentrée sur monsieur patate que sur Aydan, alors qu'en réalité l'hypothèse qu'il puisse être mon mari m'enchantait. On se mariait environ deux trois fois par mois, pour que vous vous fassiez une idée. Puis il me piquait un bonbon, ou alors je jouais à la récréation avec une fille qu'il n'aimait pas et qui me disait des bêtises sur lui... et on devait se remarier pour se pardonner. « D'accord. » On était amoureux. Amoureux comme des gosses, c'est clair, mais j'interdis quiconque de suggérer que c'était moins fort que ce que les adultes prétendaient pouvoir ressentir.

Ça a duré des années... On s'est ensuite perdus de vue pendant quelques années, et on est officiellement sorti ensemble lorsqu'on s'est retrouvés dans le même lycée. C'était lui et moi, contre le monde entier. Je savais que je pouvais lui confier toutes mes angoisses, toutes mes détresses, les disputes à répétition de mes parents, les difficultés financières qu'on pouvait éventuellement avoir... Chez les Breeland, on roulait pas vraiment sur l'or. On habitait New-York, dans un petit appartement, et le loyer devait bouffer les 3/4 du salaire de mes parents. Lui aussi avait ses galères, avec son frère qui était dealer... On était indispensables l'un à l'autre. Il était ce qui me permettait de survivre, j'étais ce qui lui permettait de continuer d'avancer. On avançait ensemble, et dès que l'un de nous menaçait de tomber, c'est sans hésitation que l'autre lui tendait la main, même s'il risquait d'y perdre son bras; c'était jamais l'un sans l'autre. « ptain, elle est trop belle la lune ce soir. » « je te la décrocherai si tu veux. » « heureusement que je trouve qu'elle est mieux dans le ciel qu'au dessus de mon lit, parce que mon vieux, t'aurais du mal à me la décrocher. » Je lui adressai un tendre sourire. Cette phrase était stupide, mais putain elle sonnait tellement bien, s'accordait tellement parfaitement avec sa gueule d'ange aux allures de bad boy... qui restait un type bien. « j'veux dire que tu réaliseras tous tes rêves. Tant qu'on sera ensemble j'te le promets, tu seras heureuse. » Je le regardai alors étrangement, sentant mon cœur prêt à tout moment à imploser. « merci. » ça voulait dire je t'aime. Je n'ai pas été fichue de le lui dire avant un long moment. Pourtant à chaque fois que je croisai son regard ces quelques termes me brulaient les lèvres, me glaçaient le sang, me tétanisaient sur place. Vous avez certainement déjà entendu parlé de cette chanson de Rihanna, où elle implore on ne sait qui de la faire se sentir "la seule fille du monde". Ben Aydan, lui, il y arrivait. Sans que j'ai rien à lui demander. Sans qu'il ne fasse quoi que ce soit de spécial. Juste quand il me regardait. J'en aurais pleuré. Pleuré de joie, pleuré de tristesse, pleuré de peur. J'étais si vulnérable dans son regard. Si vulnérable parce qu'il me voyait si forte, si vulnérable parce que j'avais pas été fichue de m'empêcher de tomber amoureuse de lui. Vulnérable parce que toute ma force, c'était lui.


Dernière édition par J. Sloane-Lou Breeland le Mar 27 Déc - 17:55, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. »   JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. » Icon_minitimeVen 11 Nov - 19:27

ϟ when my time comes.


Le temps passa, la vie se compliqua, mes rêves se brisèrent. Les études, ce n'était pas pour moi. Pourtant j'étais issue d'une famille assez riche et définitivement ancrée dans l'idéologie entrepreneuriale qui ne préconisait pour moi que de longues et prestigieuses études... j'ai d'ailleurs commencé à les suivre: école de droit. Bordel ce que je m'ennuyais... On m'apprenait des règles absurdes, on me demandait de retenir par cœur des mots dont je n'avais que faire. C'en était trop, je me détruisais moi-même. « 'pa, 'man, j'arrête. Le droit, j'arrête. Avec Aydan on va vivre ensemble et... » Mon père me lança un regard noir. Il était silencieux mais ses yeux glacés étaient bien trop éloquents à mon goût. « Aydan. » C'est tout ce qu'il dit. « Tu sors avec Aydan. Ce vaurien. » Je lâchai un rire nerveux, -vaurien, ce mot n'était plus utilisé depuis le moyen âge- sachant très bien où cette discussion allait nous mener; il était de mauvaise influence, c'était à cause de lui que j'avais arrêté mes études, j'étais stupide, j'étais naïve, on ne pouvait pas parler avec moi, mes parents ne me reconnaissaient pas, bla, bla, bla. « Ok c'est bon, ta gueule. Franchement, ta gueule, j'ai pas envie de parler avec toi. Ou plus exactement j'ai pas envie d'entendre un de tes nombreux monologues aussi longs qu'incohérents pour te persuader toi-même que t'as raison, où tu penses que lever le ton et étouffer ma voix sous tes cris va rendre ton discours plus crédible. Je me casse, c'est tout, et t'as rien à rajouter cette fois. » Sur ce je quittai le domicile familiale, courant sous la pluie pour pouvoir rejoindre Aydan chez lui, lui dire que c'était bon, qu'on pouvait partir. Lui, sa famille, elle s'en fichait de lui. Il avait un grand frère qui était dealer, et il magouillait des fois avec lui mais ses parents ne voyaient rien; son père était alcoolique et passait le plus clair de son temps à dormir sur le canapé, sa mère prétextait travailler tard pour ne pas avoir à revenir dans ce foyer qui partait en fumée. Alors quand il leur avait dit qu'il partait, ils avaient simplement acquiescé en lui souhaitant bonne chance. Finalement j'aurais peut-être préféré ça; des parents qui s'en foutent. Nous sommes des enfants, ces monstres que les adultes créent avec leurs regrets. Je ne voulais pas être la personnification de la réussite qu'avaient manquée mes parents. Aydan lui, ce qui lui manquait, c'était de l'espoir. Il avait eu beaucoup de mal à en trouver auprès de sa famille, alors j'imagine que, même s'il n'en parlait pas souvent, il avait dû faire un effort surhumain pour parvenir à quitter sa ville natale pour partir avec moi à Toronto. Il lui avait certainement fallu se battre contre des tonnes de préjugés que lui-même avait pour trouver le courage de s'enfuir, de croire en un avenir.

J'avais 19 ans, lui en avait 20. On débarquait à Toronto, sous simple prétexte que cette ville nous plaisait, pour symboliser le fait qu'on changeait de vie. On n'était pas allés bien loin, simplement on changeait de pays, d'air, d'amis... c'était un véritable nouveau départ. Mais voilà, avec les relations relativement complexes qu'on avait avec nos parents respectifs, autant vous dire qu'ils avaient décidé de couper les ponts financièrement parlant. Il nous fallait donc trouver un emploi, et au plus vite. Avec mes notions en droit, j'aurais certainement pu avoir ce poste, dont j'avais lu l'annonce, qui proposait un travail de secrétaire-assistante dans un cabinet d'avocats. Seulement étonnement, en vue du fait que je détestait mes études de droit, je me suis dit qu'il valait peut-être mieux avoir des petits boulots. De toute façon, le salaire était à peu près le même que celui de secrétaire, mais en prime je n'aurais pas à entendre parler "justice" -hypocrite- toute la journée. C'est ainsi que je décrochai mon premier boulot: serveuse. Cela peut vous paraître basique, ou dégradant, du haut de vos préjugés, sachez que j'étais fière d'avoir obtenu ce job. Je pouvais alors vivre de manière indépendante, avec Aydan -avec qui on louait un studio-, et j'étais certainement bien plus heureuse comme ça. Tout me souriait, finalement. Je ne sais pas combien de temps j'aurais pu me contenter de cette vie là, seulement je la construisais peu à peu, et la perspective de pouvoir enfin vivre pour moi m'enchantait, même si cela impliquait que je vivais dans 24 m² et non pas dans une luxueuse maison. Pendant plusieurs années j'ai donc été serveuse et baby-sitter. Au début je n'aimais pas vraiment les gosses, pour être franches, surtout ceux qui étaient un peu trop ... agités. Vous savez, ceux qui à 6 ans se croient tout permis et font des caprices abominables. Voilà, ceux-là. J'avais plus envie de les baffer qu'autre chose. Cela dit mes années de baby-sitting se sont relativement bien passées, et je n'ai eu à garder qu'un ou deux garnements que j'arrivais finalement à calmer, avec un peu d'imagination. Non, ce n'était pas facile tous les jours, mais ma vie me convenait. J'étais amoureuse, on gagnait à nous deux assez d'argent pour avoir une vie décente, on était assez organisés pour pouvoir vivre correctement. Mais encore une fois, mon destin était sur le point de basculer...


Dernière édition par J. Sloane-Lou Breeland le Mar 27 Déc - 17:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. »   JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. » Icon_minitimeMar 27 Déc - 11:47

ϟ You were a child, but your voice was too loud.


Winnie Luce Hampton. Quatorze mois. C'était ce que disait l'annonce. Des parents apparemment très réglos cherchaient une nourrice pour leur fille. Pour moi, au début, c'était un boulot comme un autre. Je m'étais rendue chez eux, j'avais passé un entretien, avais eu une période d'essai, avais finalement eu le job, qui consistait à garder la petite 4 soirs par semaine en moyenne. Elle habitait dans une banlieue plutôt chic, avec ses parents. Je pensais sincèrement que c'était des gens bien. Et leur fille était adorable. « Alors Winnie, tu veux faire quoi aujourd'hui? » Elle était, de plus, très intelligente, pour son âge. Elle ne parlait pas encore mais elle marchait très bien, et semblait comprendre tout ce qu'on lui disait. C'est ainsi qu'elle déposa ses mains sur ses yeux, puis les retira rapidement en riant, partant se cacher derrière le canapé. « Cache-cache? D'accord, prépare-toi, c'est moi qui compte! » Honnêtement, d'habitude, quand je faisais du baby-sitting, j'essayais de caser les enfants devant un film, ou bien j'essayais de les occuper d'une manière ou d'une autre: je les surveillais, c'est tout. Winnie, elle, je jouais avec elle, j'étais vraiment avec elle. Je l'adorais cette gamine, je ne savais pas dire pourquoi. Elle semblait vraiment vive, elle était souriante et semblait vous écouter avec la plus grande attention, même s'il n'était seulement pas sûr qu'elle vous comprenne. On s'entendait vraiment bien. Cela dit, elle me fascinait aussi parce qu'elle était très mystérieuse... Comment un enfant peut-il l'être, me direz-vous; en fait, on aurait dit qu'elle cachait quelque chose, ou qu'elle avait peur de quelque chose... Elle pouvait rire aux éclats et la seconde d'après pleurer sans raison apparente. Elle était tantôt très extravertie, tantôt renfermée sur elle-même à un point que cela en devenait inquiétant. Je l'ai gardée pendant 10 mois. Elle finissait par bredouiller quelques mots, mais rien de très compréhensible, des discours d'autant plus adorables qu'ils étaient décousus. J'avais parlé à ses parents du fait qu'elle pouvait se montrer parfois très émotive pour un rien, et ils me répondaient sans cesse que ce n'était rien, qu'elle était simplement encore trop petite pour gérer ses émotions. Si j'avais su...

« Madame Hampton, vous êtes rentrée! Avec Win on regardait le roi lion. » Affirmai-je d'un ton enjoué. Je semblais retomber en enfance, avec cette petite! D'ailleurs Aydan me reprochait parfois de trop m'attacher à elle, il me répétait que je n'étais pas supposée traiter mes "clients" comme mes propres enfants. Selon lui je faisais une sorte de transfert de personnalité ou je ne sais quoi: il pensait que je lui donnais tant d'amour pour combler celui que mes propres parents m'avaient refusé. Je n'y croyais pas. Winnie Luce était une petite fille adorable, voilà tout. Mais si ça s'était arrêté là... parce que ce soir là, quand sa mère était rentrée, j'avais remarqué au coin de son œil une sorte de marque, comme un bleu. « Vous... Qu'est ce que vous avez à l’œil? » Elle releva le regard vers moi d'un air hagard, regardant autour d'elle comme pour vérifier que personne n'avait entendu ma question. Puis elle afficha un sourire qui se voulait rassurant; il me glaça en fait le sang. « Oh ça, c'est rien. Je voulais attraper une casserole hier et je l'ai faite tomber sur mon visage, ce n'est pas très glorieux je sais...! » Elle affirmait cela avec une assurance hors du commun, ajoutant à sa phrase un rire complice voué à me rassurer, lui aussi. C'était bizarre. Elle sentait le mensonge à des kilomètres. C'est ça qui me fit peur. Elle aurait pu se faire ce bleu de milliards de manières, mais en réalité le fait qu'elle souhaite me mentir m'inquiétait. Cela dit je n'y prêtai pas une grande attention, dans un premier temps: je me persuadais qu'elle avait juste honte de me le dire. Peut-être s'était-elle cognée en faisant des folies avec son mari... ok, cette théorie était totalement stupide, néanmoins je préférais ça à la vérité, qui était sur le point d'éclater...

Tout changea un soir comme les autres. J'ouvrai péniblement les yeux après la fête de la veille, qui visiblement m'avait fait me coucher bien trop tard: résultat, lorsque les rayons du soleil firent frémir mes paupières, je lu difficilement sur le réveil de ma commode qu'il était 17h30. Je me dressai alors subitement sur mon lit, manquant d'en tomber, sortant des draps en jurant. « Aydan! Putain t'aurais pu me réveiller, je t'ai dit que je devais aller surveiller Winnie! » J'enfilais alors un jean et un t-shirt, tentant de trouver ma brosse à cheveux. « Mais Sloane, on est mardi, t'y vas jamais le mardi... » sa voix était encore totalement ancrée dans un sommeil dont il venait lui aussi de sortir apparemment. « Sa mère m'a appelée hier, elle voulait que je passe à 18h30! » Attrapant mon sac, mon portable et mes clés, je sortis du studio. « Appelle-moi quand t'as fini, on ira faire un tour. » M'approchant de lui, je déposais un tendre baiser sur ses lèvres, le regardant dans les yeux. « Je t'aime. » On aurait dit que je le lui disais pour la dernière fois. On aurait dit que je ne l'avais jamais pensé si fort. On aurait dit que je savais que rien ne serait plus pareil, une fois que j'aurais quitté ce petit studio.

Après quelques temps de route, j'arrivais devant leur belle maison. Les Hampton étaient apparemment encore là, la lumière était allumée. Je m'approchai donc de la porte d'entrée d'un pas hâtif, espérant ne pas être en retard. Le temps de me recoiffer rapidement dans des gestes nerveux, je m'apprêtait à toquer... lorsque j'entendis des cris. « Mais t'es complètement conne, hein! Qui m'a foutue une empotée pareil? T'es bonne à rien, et j'suis coincé avec toi et avec cette espèce de gosse que tu m'as mis sur les bras! » « Arrête bordel, arrête, rejette pas tout ça sur Winnie, c'est... » « Mais tu vas t'la fermer? » à ces mots succéda un bruit de giffle qui me glaça le sang alors que les pleurs de Winnie s'accentuait. Elle avait deux ans, à ce moment-là, et si j'étais quasiment sûre que c'était sa mère qu'il avait frappée, je restais tétanisée devant la porte, toujours sur le point de toquer, n'osant plus bouger. Et voilà... Je savais désormais d'où venait cette marque au coin de son œil, qu'elle s'était soi-disant faite en faisant tomber une casserole. J'avais peur, je ne savais pas comment réagir, comment les protéger, elles deux. Depuis combien de temps faisait-il ça? Depuis combien de temps Mme Hampton supportait les coups de son mari? Et Winnie? Il lui faisait du mal, aussi? Cette situation me déchirait les tripes, je ne savais que faire, je n'osais pas toquer, je ne voulais pas qu'il sache que j'étais là, j'avais peur qu'il ne fasse taire les deux jeunes femmes avec de nouveaux coups, ou peut-être avais-je peur qu'il ne s'en prenne à moi, pour être franche. Je ne saurais dire combien de temps j'étais restée là, plantée sur place. Soudain j'entendis qu'on prenait un trousseau de clés, alors que Mme Hampton priait Winnie d'arrêter de pleurer, pour "ne pas énerver son père". Je m'étais un peu éloignée, de sorte que, dans la pénombre, la personne qui sortait ne me voit pas. Et ce fut monsieur Hampton, qui mit les pieds dehors. Il prit sa voiture, et s'éloigna dans l'allée. Je retournai alors rapidement vers la porte, à laquelle je toquai nerveusement. Mme Hampton m'ouvrit bientôt, me laissant découvrir un vase cassé derrière elle et son visage, meurtri et embrumé de larmes chaudes. « Lou? Qu'est-ce que tu fais là? ah, oui, je t'avais demandé de passer... en fait ce n'est plus la peine, d'accord, je vais rester là finalement. » elle fit mine de fermer la porte, mais je mis ma main pour qu'elle reste ouverte. « Je sais tout madame. J'étais là. C'est pour ça que vous m'avez demandé de venir un mardi, hein? Pour que je comprenne... ça fait combien de temps? » « Je vois pas de quoi tu parles, au revoir Sloane. » « Laissez-moi entrer! Vous pouvez pas faire comme si de rien n'était. Si vous ne vous respectez pas assez pour refuser cette situation, faites-le pour Winnie. Vous croyez qu'elle mérite d'être frappée sous prétexte que votre mari est en colère? Il l'a déjà touchée? » Elle se mit alors à pleurer de plus belle, me laissant tout de même entrer. Elle referma la porte derrière moi, et m'expliqua que depuis plusieurs mois maintenant il s'en prenait à elles. Jusqu'à présent, il n'avait pas frappé la petite, mais il semblait le faire de plus en plus fréquemment. Cette situation m’ insupportait, me révoltait. « Il va se calmer, il n'est pas comme ça d'habitude, c'est juste ces derniers mois, il est stressé tu comprends... » « Et vous acceptez que votre propre fille lui serve de punching ball? » « C'est temporaire. » C'est tout ce qu'elle me répondit. À cet instant, je la haïssais autant que son mari. On aurait dit qu'elle cautionnait tout ça, qu'elle acceptait ce qu'il faisait subir à Win, et ça, je ne pouvais pas le supporter. « Vous devriez aller faire un tour, prendre l'air... puisque je suis là maintenant, je vais garder la petite, vous en faites pas. » elle acquiesça, me remercia, sortit. Winnie s'était endormie sur le canapé. Son père n'était pas encore rentré. Je la regardai, effrayée, effrayée de penser à ce qu'elle avait subi, effrayée de penser que je ne pouvais rien pour elle. J'avais toujours été assez têtue, et définitivement déterminée: il était hors de question que je la laisse mourir à petit feu, entre un père qui était la pire des ordures et une mère qui ne le l'admettait même pas. Sentant mon cœur battre à toute allure, je savais alors que j'allais faire quelque chose de mal. Pourtant c'était la seule solution. Je courus à l'étage, vers la chambre de l'enfant, dans laquelle je pris son sac Babar, fourrant à l'intérieur un maximum d'affaires: des couches, un pyjama, et plusieurs tenues. Je redescendis alors rapidement dans le salon, avant de ne réveiller Winnie. J'avais son sac à la main, avec toutes ses affaires. « Luce, ma puce, viens dans mes bras ma belle, on va faire un tour. » encore à moitié endormie, la petite fille de deux ans vint se blottir dans mes bras, tenant fermement son doudou. Nous sortîmes alors de la maison des Hampton, elle endormie, moi terrifiée. Je n'avais pas de plan, aucune idée de l'endroit où je pourrais aller, de ce que je pourrais faire. Pourtant c'était nécessaire, je ne pouvais pas la laisser là, seule, à attendre qu'elle ne se fasse frapper par son père. Reprenant mon souffle, je fermai la porte avant de ne me diriger vers ma voiture d'un pas pressé. J'y installai Winnie, puis démarrais doucement avant de ne quitter cette petite banlieue, dans laquelle j'avais la certitude que je ne reviendrais jamais.


Dernière édition par J. Sloane-Lou Breeland le Ven 30 Déc - 14:43, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. »   JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. » Icon_minitimeMar 27 Déc - 20:41

ϟ As strong as you were, tender you go, I'm watching you breathing for the last time. And I'll carry you home.


Mes yeux se plaçaient malgré moi sur le rétroviseur intérieur de ma voiture, cherchant à apercevoir Winnie, comme pour se persuader qu'elle était toujours là. Je n'en revenais pas, de ce que j'étais en train de faire. Je passai nerveusement une main dans mes cheveux, tentant de reprendre mon souffle, tentant de rester calme. J'entrevoyais à peine le fait que, d'un point de vue extérieur, ce que je faisais était appelé "kidnapping". Après plusieurs kilomètres d'angoisse, je finis par atteindre mon immeuble. Je garai la voiture comme si de rien était, en descendit calmement avant de ne reprendre Winnie dans les bras, n'oubliant pas son sac. Je montai à pieds les quelques étages qui me séparaient du studio, et j'y entrai alors, un peu inquiète de la réaction de Aydan. « Sloane? T'es rentrée? T'avais dit que t'appelerai...? » Il termina sa phrase d'un ton hésitant en me voyant, Winnie dans les bras. « Euh c'est quoi ça Slo'? » il avait peur, plus peur encore que moi. Il avait certainement compris, en voyant mon visage, que la petite n'était pas supposée être avec moi. Il n'aurait pas compris, il m'aurait blâmée, m'aurait encouragée à la raccompagner chez elle: et ça c'était hors de question. « Déstresse, ses parents m'ont demandé de la garder pour la nuit, et j'ai préféré rentrer, en plus ils avaient besoin de la maison d'après ce que j'ai compris... Enfin bref, demain elle est plus là, promis. » Je ne mentais qu'à 50%, à peu près. Parce que le lendemain, elle ne serait plus là. Et moi non plus. Je l'avais décidé à l'instant où j'avais vu le regard de Aydan se poser sur elle, sur mon acte d'enlèvement. Je ne pouvais pas rester ici, il allait tout dire à ses parents, tenter de me raisonner, voire le dire à la police. D'ailleurs, cette dernière allait bientôt rechercher l'enfant, et comme j'étais la dernière personne à l'avoir vue, ils fouilleraient mon domicile, et franchement, cacher un gosse à la police dans 20m², c'était impossible. Il fallait que je parte. Seulement ce que j'étais en train de faire nécessitait une force morale hors du commun, et sans Aydan, ça serait bien plus dur... quasi impossible. Il était toute ma force, et je devais l'abandonner. Je devais partir, seule, avec ce secret. Si je partais dans un coin perdu du Canada, je pourrais peut-être m'occuper d'elle, sans que personne ne pose de questions... mais dans tous les cas je serais seule, atrocement seule. Pendant que Aydan dormait, je préparai mes propres affaires, préparant notre départ, à Winnie et à moi. Une fois que ce fut fait, j'écrivis une lettre à mon petit ami. Que pouvais-je lui dire, sinon qu'il allait me manquer? Les mots me manquaient, sur cette vulgaire feuille A4 quadrillée. Je tentais de lui expliquer l'inexplicable, de lui affirmer que jamais je n'aurais voulu le quitter. Je n'en avais pas le choix malheureusement. Je ne pouvais me résoudre à abandonner Winnie, j'aurais voulu qu'il parte avec moi, qu'on fuit tous ensemble, mais il n'en avait aucune envie: il avait vu son frère tomber dans l'illégalité, il voulait rester en dehors de toute affaire louche, se reconstruire une vie stable. Et je ne l'en blâmais pas, moi-même c'est tout ce que je voulais, avant ce jour. Je devais prendre des décisions plus qu'importantes en un temps record, et seule. J'avais peur. Peur de craquer, peur de faire les mauvais choix. Parce qu'alors que je fermais la porte du studio, Winnie dans un bras, mon gros sac et le sien dans l'autre, une larme au coin des yeux, je savais que je fermais la porte de mon bonheur: rien ne serait plus simple maintenant, et peut-être ne pourrais-je jamais me reconstruire, jamais aimer à nouveau. Pourtant j'essayais de rester optimiste -j'en avais besoin. Mon plan? Totalement imprécis. D'abord, je devais partir, partir le plus loin possible. Éviter de franchir une frontière, pour éviter tout contrôle douanier. J'aurais pu prétendre que Winnie était ma fille, éviter les questions trop précises. Qui sait, peut-être trouverais-je quelqu'un à qui confier mon secret, peut-être que je ne serais pas si seule que ça. Je tentais de m'en persuader, pour ne pas perdre la tête davantage.

Et voilà que quelques heures plus tard le moteur de ma voiture ronronnait alors que Winnie était endormie sur la banquette arrière. Moi je pleurais. En silence. Je ne voulais surtout pas la réveiller, surtout pas l'effrayer. Mais bordel, j'étais tétanisée. Je n'en revenais pas de ce que j'étais en train de faire. Maintenant il était trop tard pour faire demi-tour. Je prenais toutes les voies rapides, toutes les autoroutes que je croisais. Mon but? Aller le plus loin possible, et à un endroit où je n'avais pas l'habitude d'aller. Je savais que désormais rien ne serait plus facile. Il me faudrait me cacher sans cesse, vérifier chacun de mes mouvements, faire en sorte de ne jamais être arrêtée par la police, même pour un contrôle de routine: la photo de Winnie ne tarderait pas à faire le tour du Canada, je devais être très prudente. Comme on habitait à Toronto, a priori, ça serait d'abord dans l'Ontario et au Quebec qu'ils chercheraient; il fallait donc que j'aille à l'ouest, en espérant qu'ils n'étendent pas les recherches trop rapidement. Je me rendis alors compte de la stupidité de mon acte: je devrais nous cacher, toutes les deux, pour le reste de notre vie... Elle devrait suivre des cours à domicile, et je devrais certainement me fabriquer une fausse carte d'identité. C'était officiel: il me fallait un petit village perdu. Finalement, après une étude rapide sur internet dans un fast-food qui proposait la wifi, à quelques kilomètres au nord de Toronto, je crois, j'en ai déduit que passer la frontière n'était pas une si mauvais idée: si j'arrivais à passer avant que ses parents ne signalent sa disparition, je pourrais atteindre un village où ma sécurité serait quasi assurée. Mais passer directement du côté de Chicago était trop voyant, les frontières étaient trop contrôlées: je décidai donc de me rendre en Alaska, où le village d'Elmo me semblait un endroit agréable où séjournait. J'avais peur, j'avais presque envie qu'on m'arrête maintenant, avant que ça ne devienne trop grave. Pourtant je pris la route de l'Alaska, une boule au ventre, sachant que je risquais de me faire prendre à tout moment. Sur le chemin, on s'est arrêtées dans un hôtel de Williamsburg, que j'ai payé en liquide et dans lequel j'ai reçu un appel de la mère de Winnie. Je lui ai fait croire que je l'avais amenée chez moi, qu'elle allait bien, et que j'avais jugé bon qu'elle reste à l'écart de son foyer pour cette nuit. Elle avait salué l'initiative avant de ne souhaiter bonne nuit à sa fille, au travers du téléphone. Ma gorge se serrait, mon cœur battait à toute vitesse. Au petit matin, j'envoyai un texto à Mme Hampton, pour lui dire que sa fille allait bien, qu'elle n'avait pas à se faire de soucis, et qu'il était nécessaire que je l'éloigne de son père, en raison de sa violence. Puis je jetai mon portable dans une benne à ordure, vérifiant que les éboueurs l'emportaient bien à la décharge. Nous reprîmes ensuite la route. « N'arrive bientôt? » Il fallait comprendre qu'elle s'impatiente, depuis quelques jours la voiture était devenue sa résidence secondaire. D'une voix rassurante, je l'informais du mieux que je pouvais. « ça va être encore un peu long, mais on n'a qu'à faire un petit jeu pour passer le temps? » Et voilà comment se passa le reste de notre trajet: entre deux siestes, entre deux sandwiches, elle me racontait sa vie, puis nous jouions aux devinettes. Elle pensait sincèrement que c'était normal, cet éloignement. Enfin à peu près, parce que sur une aire de repos, la dernière avant d'atteindre la frontière, elle me demanda d'une voix un peu inquiète, comme si elle pressentait, du haut de ses deux ans, qu'il y avait un problème.
Canmore? Williamsburg? Edmundston -dernier recours: à l'est. « Dis nounou Lou, c'est quand que on va à la maison? » Je posai alors mon regard sur elle, déglutissant avec difficulté. « Ecoute ma puce, ta maman sait que tu es avec moi, et je te promets que je vais prendre soin de toi, d'accord? Mais si on rentre chez toi... enfin tu vois, ton papa est énervé en ce moment, et je veux pas qu'il s'en prenne à toi, tu comprends? C'est pour ça qu'on s'en va, pour être loin de lui. » En vue du regard sombre qu'elle avait, malgré ses yeux bleus, j'en déduit qu'elle comprenait qu'on ne reviendrait pas de sitôt. Cela dit, le fait que j'évoque les maltraitances qu'elle subissait la bouscula, émotionnellement parlant, et c'est d'une voix embrumée de larmes qu'elle reprit. « Mais je reverrai plus jamais ma maman? » Ma gorge se serra de nouveau. J'étais sur le point de pleurer, moi aussi, mais désormais je devais montrer à Winnie que j'étais apte à prendre soin d'elle, qu'elle pouvait compter sur moi, et je devais donc rester calme. Je m'approchai alors d'elle pour la prendre dans mes bras, laissant alors rouler sur ma joue une larme silencieuse alors que je déposais un bisou sur son front, espérant qu'elle ne se rende pas compte que j'étais encore plus perdue qu'elle. « Si certainement... mais ça va prendre un peu de temps, je vais devoir m'occuper de toi pendant quelques temps. Mais tu reverras ta maman si tu en as envie, seulement ce n'est pas pour tout de suite... » après tout, il fallait juste que je m'assure qu'elle ne risquait plus de souffrir à cause de son père, et elle pourrait rentrer chez elle. Seulement comment s'en assurer, avec une mère qui n'osait pas le quitter, qui cautionnait le fait qu'elle se faisait frapper et qui acceptait même qu'il se défoule sur sa fille? Je ne pouvais pas expliquer tout ça à Winnie, je ne pouvais pas expliquer tout ça à une enfant de 2 ans.


Dernière édition par J. Sloane-Lou Breeland le Mer 28 Déc - 20:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. »   JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. » Icon_minitimeMer 28 Déc - 18:45

ϟ Keep holding on, cause you know we'll make it through.


Huit mois. Putain, pendant huit mois on est restées à Elmo, en Alaska. Pas une erreur de calcul, pas un problème. Juste de la peur. Mais Winnie avait compris que la fuite était un sujet tabou, et je crois qu'elle avait trop peur de son père pour être triste de ne plus voir sa mère. Elle savait qu'elle était mieux ici, et s'était même fait quelques amis dans le coin. Au fond, on avait presque une vie normale. Et d'ailleurs, j'avais trouvé quelqu'un à qui me confier. Ce n'était certes pas prudent du tout de ma part, néanmoins j'avais réellement le sentiment que je pouvais lui faire confiance. Elle s'appelait Dana. On était rapidement devenues les meilleures amies du monde, on faisait tout ensemble, on passait nos journées ensemble. En arrivant à Elmo, j'étais plutôt du genre à m'enfermer dans le chalet qui nous servait de maison, et j'évitais les gens comme je le pouvais, voulant éviter les questions, voulant éviter les soupçons. Eux, ils pensaient que la petite qui m'accompagnait s'appelait Luce Breeland. Moi, ils pensaient que je m'appelais Lou Breeland. Ils pensaient que Luce était ma fille, que j'étais arrivée ici pour changer d'air, après que le père de la petite nous ait abandonnées, toutes les deux. J'étais tout le temps méfiante, sur mes gardes, je n'allais pas aux fêtes, je déclinais souvent des invitations à diner. J'étais l’ermite du village, pour eux, la fille over louche qui ne souriait jamais. Sauf avec Dana. On était tellement proches... Un jour, elle était passée me voir pour m'emprunter de la farine, et elle m'a trouvée en pleurs, après avoir couché Luce. Je lui ai tout raconté. Elle a été tellement compréhensive... pendant des mois, elle n'a rien dit, à personne. Ouais... mais en 2008 elle n'a plus su tenir sa langue. « Lou, Lou, Lou, viens viiiiite, quelqu'un il a toqué à la porte! » Je me précipitais alors vers ladite porte du chalet, pour me retrouver nez à nez avec des hommes en uniforme. En uniforme de police. Mon regard s'assombrit soudain, s'emplit d'inquiétude. J'avais envie de demander à la petite de ne pas parler, lui dire de rester cachée, avoir le temps de me teindre les cheveux, de me mettre des lentilles de couleur et de me refaire faire le nez, pour qu'on ne puisse nous reconnaître. Mais il était trop tard. Je leur offris donc le sourire le plus convaincant que je pouvais, mais visiblement, ils n'avaient pas envie de sourire, eux. Merde. Ils étaient bien là pour moi. Ce n'était pas une enquête de voisinage.« Mademoiselle Breeland? Sloane-Lou Jules Breeland? » Le fait d'entendre mon nom complet me fit frémir, mes os se glacèrent, mes yeux s'humidifièrent. J'aurais pu les convaincre que ce n'était pas moi, dans l'absolu: j'avais toujours eu un don pour les mensonges et la manipulation, seulement ils avaient une photo de moi entre les mains, et connaissaient mon nom; j'étais foutue. C'est tout ce qu'il y avait à savoir. Et comme si ça ne suffisait pas, comme preuves accablantes, Winnie fit irruption devant la porte d'entrée, se cachant derrière mes jambes par timidité. « Winnie? C'est bien toi? Viens me voir ma belle, viens, n'aie pas peur. Il faut que tu viennes. » Elle releva le regard vers moi, comme pour me demander silencieusement ce qu'elle devait faire. Obéir à un inconnu était totalement interdit, néanmoins désobéir à la police l'était aussi, c'est pourquoi elle demanda confirmation. Et d'un sourire toujours tendre quoi qu'atténué par mes larmes, j'acquiesçai, lui affirmant qu'elle pouvait y aller. Un des deux policiers la fit se mettre à l'écart, lui disant d'aller près de la voiture bleue, dans laquelle se trouvait quelques uns de ses collègues. Puis quand elle fut éloignée, il braqua avec plus de franchise l'arme qu'il pointait déjà sur moi, tandis que l'autre me passait les menottes. Winnie, elle, elle voyait tout ça, sans comprendre ce qu'il se passait. Elle criait, elle pleurait, et ses sanglots m'étaient peut-être plus douloureux encore que ces menottes qu'ils avaient trop serrées autour de mes poignets faibles. « Looou! pourquoi ils t'embêtent? C'est une gentille Lou! » J'essayais de me débattre, de leur expliquer, de sauver ma peau et de sauver celle de Winnie, n'écoutant même pas la liste des droits qu'ils me citaient. J'essayais de crier, malgré mes pleurs, comme pour que ma voix soit audibles, couvre les dires des policiers. « Laissez-moi, vous pouvez pas faire ça! Putain mais lâchez-moi! Arrêtez, vous pouvez pas la renvoyer chez elle, vous pouvez pas, il va recommencer! S'il vous plait, écoutez moi, s'il vous plait... Je lui ai fait aucun mal, c'était pour la protéger! » Certaines personnes du village s'étaient regroupées autour de nous, et me regardaient d'un air choqué, me jugeant comme s'ils n'avaient jamais péché, me prenant pour une serial killeuse ou une femme stérile qui volait les enfants des autres pour les élever par elle-même... Dans tous les cas, dans leurs yeux, j'étais complètement folle, détractée, dangereuse. J'arrêtais alors de crier pour les regarder, les yeux rougis de tant de troubles. Winnie tenta de venir vers moi, elle aussi en larmes, se demandant certainement ce qu'ils allaient faire d'elle. « Ma puce, sois bien sage, hein? T'inquiète pas, ça va aller, tu vas revoir ta maman... » « Mais je veux rester avec toi passe que si je vais avec maman je vais voir papa et il est peut-être encore pas content, et maman elle sait pas me lire les histoires avec les voix rigolotes des personnages! » Les voix rigolotes des personnages... ça tenait pas à grand chose, l'admiration qu'un enfant avait pour vous. Mais elle voulait rester avec moi, et je me sentais d'autant plus démunie que maintenant je ne pouvais plus exaucer ce vœu. J'avais réussi à gâcher sa vie, finalement. Elle était perdue, avait passé huit mois dans un village d'Alaska, avait commencé à se faire des amis, avait perdu son père, avait perdu sa mère, et elle allait quand même retourner vivre avec ces monstres. Je me haïssais intérieurement, je haïssais ces flics qui m'arrêtaient sans savoir ce qu'il se passait. « Je t'aime Winnie. » Finalement, le fait que je l'appelle ainsi marquait la fin de notre escapade. Désormais on ne se reverrait certainement plus jamais, parce que je n'osais même pas imaginer combien de temps j'allais passer en prison si je n'arrivais pas à les convaincre du fait que j'avais agi pour son bien. Et quand bien même, je n'aurais certainement pas le droit de l'approcher à moins de 200 mètres. Pourtant je l'adorais, cette petite, elle était devenue comme ma fille, je voulais la protéger du mieux que je pouvais... J'avais tout foutu en l'air.
En allant vers la voiture qui devait m'emmener au poste le plus proche, je remarquai la présence de Dana. Elle me regardait d'un air pitoyable, semblant désolée pour moi. Un regard qui me fit rapidement comprendre d'où les policiers tenaient leurs informations. « C'est toi? C'est toi, hein, qui a cafté? Putain mais pour qui tu te prends, salope, j'te faisais confiance, t'avais pas le droit de tout démolir, t'avais pas le droit de renvoyer Winnie chez elle, t'avais pas le droit de détruire sa vie, putain, elle a même pas trois ans! Trois ans, tu sais ce que ça fait trois ans? et tu vas la renvoyer chez ce monstre? J'espère que t'es fière! putain mais qu'est-ce que j'ai pu être conne, vas te faire foutre! » J'étais tellement pathétique, à hurler en pleurant... je la détestait tellement. Elle n'essaya même pas de se justifier, elle gardait simplement cette mine coupable vouée à faire savoir qu'elle regrettait. Mais c'était trop tard, pour les regrets. Elle n'avait pas le droit à ce faux pas, et pourtant elle l'avait quand même fait. On n'avait pas le droit aux faux pas, je l'avais bien appris en huit mois de cavale. C'est ainsi que j'entrais dans la voiture de police, alors que le type me faisait baisser la tête, comme si je n'étais pas capable d'entrer seule sur la banquette arrière d'une vieille caisse. Le moteur démarra, je partis, les mains attachées dans le dos, les yeux rougis, ces dizaines de regards posés sur moi. Et toujours ce maigre sourire, comme pour ne pas inquiéter une petite fille qui avait déjà bien trop souffert, du haut de ses trois ans, comme pour la rassurer, lui dire que tout allait bien se passer, alors qu'à la vérité, je n'en savais strictement rien...
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MessageSujet: Re: JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. »   JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. » Icon_minitimeJeu 29 Déc - 10:38

ϟ Tell me how I'm supposed to breath with no air.


Une fois de retour à Toronto, mon passé me sautait à la gorge. Je ne pouvais que repenser à Aydan, à ce que j'avais fait, au fait que je l'avais perdu. J'étais escortée dans un camion de police, personne ne me parlait, ils me regardaient tous comme si j'avais tué des dizaines de personnes, comme si j'avais fait du mal à Winnie. J'essayais de le leur expliquer, mais rapidement ils me firent comprendre qu'ils ne voulaient rien entendre, et que de toute façon ce n'était pas eux qu'il fallait convaincre mais le juge. On me transporta ensuite dans le commissariat de la ville. Là, on me mit dans une cage. Concrètement, oui, c'était une cage. J'y étais installée avec un sans abris visiblement éméché et un type tatoué de partout qui semblait vouloir m'égorger. C'était là qu'on était, pendant la garde à vue. En soupirant, je pris place sur le petit banc inconfortable à la disposition des détenus. L'attente me parut le plus long moment de ma vie. On m'interrogea une dizaine de fois, et je répétai toujours la même chose, mais personne ne m'écoutait: vous comprenez, monsieur et madame Hampton étaient un couple parfait, avaient réussi dans la vie, avaient tout deux un métier très respectable et une réputation... Et puis la mère de Winnie, qui était venue témoigner elle aussi, niait tout en bloc. Le pire, c'est quand il y a eu confrontation; puisque j'affirmais qu'elle était au courant, ils le lui avaient demandé, devant moi, et elle avait tout nié, prétextant que j'étais complètement folle et qu'elle voulait rentrer chez elle pour pouvoir s'occuper de sa fille et s'assurer qu'elle allait bien. Je la maudissais. À un point inimaginable. J'allais passer tellement de temps en prison parce qu'elle avait épousé un connard, et parce qu'elle ne l'admettait pas... Et puis rien ne s'était arrangé, Winnie allait continuer à souffrir. La seule différence, c'est que je serais en tôle, pendant ce temps.

J'obtins un avocat commis d'office, n'ayant pas les moyens d'en avoir un par mes propres moyens. Je me rappelle de ce jour, dans son bureau, où il m'expliqua ma stratégie défensive, m'énumérant les peines encourues. « Alors mademoiselle Breeland. Enlèvement d'un mineur de moins de 15 ans, séquestration pendant 8 mois, enlèvement sans préméditation et sans atteinte à l'intégrité physique ou psychologique de l'individu... » le fait qu'il parle de mon acte comme d'une simple affaire judiciaire me perturbait. Ce n'était pas ça, ils avaient tous tout faux. « Séquestration, pas vraiment, non, elle sortait, elle vivait, elle vivait bien, elle vivait mieux, même! J'ai pas fait ça pour une rançon ou quoi que ce soit, j'ai fait ça parce qu'elle était en danger chez elle. » Il prit notes sur son petit calepin. C'était le premier qui m'écoutait, qui me croyait. Il me répéta plusieurs fois de lui dire la vérité, puisqu'il était tenu au secret professionnel, il me demanda de lui énoncer tous les faits de l'enlèvement, même s'ils pouvaient être blâmés, de sorte qu'il construise une défense optimale en connaissance de cause. Mais quand je lui ai dit pourquoi je l'avais enlevée, il m'a crue. Il m'expliqua alors, concrètement, ce que je risquais. « Article 224-1: Le fait, sans ordre des autorités constituées et hors les cas prévus par la loi, d'arrêter, d'enlever, de détenir ou de séquestrer une personne, est puni de vingt ans de réclusion criminelle. Article 224-5: Lorsque la victime de l'un des crimes prévus aux articles 224-1 à 224-4 est un mineur de quinze ans, la peine est portée à trente ans de réclusion criminelle. -C'est notre cas ici, sans demande de rançon, sans complice, sans préméditation, sans violence: vous risquez donc 30 ans de réclusion criminelle. À moins que vous n'arriviez à prouver que son père la battait. » « Prouvons-le, alors! qu'est ce qu'il faut faire? Attendre qu'elle meure pour faire une autopsie et comprendre que c'est ce malade qui lui a fait ça? » c'est affreux parce qu'il fallait au moins attendre qu'elle ait des hématomes visibles pour commencer à remettre son père en cause... L'avocat m'expliqua que c'était très compliqué, en considérant le témoignage de la mère et la réputation du père: je risquais belle et bien de passer trente ans en prison... Il écrivait des tonnes de choses sur son calepin, faisait des schémas compliqués pour m'expliquer les recours... Moi, je le voyais dessiner les barreaux qui m'entouraient peu à peu, qui me feraient office de seul paysage pour les trente années à venir. Trente ans. J'aurais voulu me suicider, à cet instant. Vous imaginez? Je serais sortie à 52 ans. Bordel. Trente ans, c'était plus encore que tout ce que j'avais vécu jusqu'à présent. C'était plus que mon âge. Je ne pouvais pas, c'était impossible, je ne pouvais pas renoncer à ma vie, comme ça, je me battrais, même si je n'en avais pas les moyens, même si je n'avais aucune arme pour ce faire. Je le prouverais, je me sauverais, je la sauverais.
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J. Sloane-Lou Breeland

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MessageSujet: Re: JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. »   JULES SLOANE-LOU « I'm rising so high, out of my mind. » Icon_minitimeJeu 29 Déc - 10:58

ϟ Forget the wrong that I've done.


« Breeland, sors de là, c'est ton jour de chance. » Le visage hagard, les yeux gonflés, je relevai les yeux vers cette voix grave dont l'auteur ouvrait la porte de ma cellule de prison. Cela faisait 2 ans que j'étais coincée dans ce trou, dans cette affreuse tenue orange qui stipulait que j'étais une criminelle. Je regardai autour de moi, comme si je ne comprenais rien à ce qu'il m'arrivait, les yeux plissés, comme si je n'avais pas vu le soleil depuis tellement longtemps que mêmes les néons agressifs du couloir pénitencier me brulaient la rétine. Avec peine, je me levai du petit lit détraqué dans lequel je dormais depuis si longtemps. En me dirigeant vers la porte, je détournai un dernier regard fatigué vers ma camarade de cellule. Je ne savais pas comment elle s'appelait, mais ici tout le monde l'appelait Marg'. C'était une caïd, pourtant elle ne m'avait jamais fait de mal. J'étais un peu sa petite protégée, même si elle se foutait ouvertement de ma gueule de "petite fille modèle qui avait rien à faire là", comme elle disait. « Eh ben Miss Parfaite nous quitte? Tu vas m'manquer gueule d'ange. Eh, miss... profite de la liberté pour moi. » je lui souris difficilement, comme si j'avais oublié comment on faisait, comme si je ne croyais pas vraiment en ma libération: peut-être voulait-on simplement m'emmener au parloir, ou quelque chose comme ça. J'avais coupé mes cheveux, en arrivant. Je suppose que je ne ressemblais plus à grand chose, avec ma chevelure en bataille, ma tenue affreuse et mon air fatigué. Ces deux ans m'avaient détruite. Et peut-être n'était-ce encore que le commencement. Alors que l'on marchait dans les couloirs, le policier qui était venu me cherchait me parlait. Je n'avais pas de menottes; j'en étais étonnée. « Le juge veut vous voir dans l'après-midi. Nous avons contacté votre avocat. On a reçu des témoignages et l'enquête menée auprès de monsieur Hampton confirme a priori vos dires. Winnie Luce Hampton a été placée en famille d'accueil au nord du Canada, son père est en procès, sa mère a perdu la garde, et si votre version concorde avec celle des témoins -Madame McFly, une voisine, Dana Gallaway, qui dit vous connaître, entre autres-, vous serez certainement libérée sous peu. » Je le regardai en respirant difficilement, déglutissant avec peine, ne comprenant pas vraiment ce qu'il m'arrivait, souhaitant plus que tout sortir de ce trou où il fallait apprendre à ne pas faire de bruit, pour éviter la mauvaise humeur des gardiens, certes, mais aussi et surtout pour ne pas déranger les autres filles de la prison, qui n'hésitaient pas à vous tabasser au moindre faux pas -je l'avais appris à mes dépens.

Le jour même, je comparaissais devant le juge Sheldon, en comparution immédiate. Dana était là. Elle affirmait que je n'avais jamais mal traité Winnie, que si la petite me l'avait demandé, je l'aurais ramenée chez elle. Mais elle ne l'avait pas demandé, précisément à cause du climat de terreur qui régnait chez elle par la faute de son père. Et puis il y avait cette McFly, une voisine qui avait tendu l'oreille depuis les soupçons qui planaient sur monsieur Hampton et avait fini par entendre les cris et les coups. Résultats, monsieur Hampton était en garde à vue après enquête approfondie de la police, et Winnie était dans une famille d'accueil près de Yellowknife apparemment. Le temps qu'on m'explique tout ça, que chacun donne son avis sur la situation, que je témoigne à nouveau, toujours dans ma tenue orange, plusieurs heures s'écoulèrent. Finalement, le juge me proposa un accord, puisque malgré tout j'avais commis un acte illicite: « Mademoiselle Sloane-Lou Jules Breeland, la Cour se propose de vous laisser sortir de prison, à cette condition près que vous fréquentiez pendant quelques temps un centre de ré-adaptation à la citoyenneté, où vous méditerez votre erreur et en comprendrez les conséquences. Vous vous engagez à ne jamais réitérer ce crime, et toute erreur de votre part sera lourdement sanctionnée. Vous pourrez voir l'enfant Winnie Luce Hampton avec et seulement avec autorisation de la Cour, ainsi qu'avec le consentement de la famille adoptive de la petite fille, qui tiendra informée la justice de tout comportement suspicieux de votre part. » Je pouvais revoir Winnie. C'était tout ce qui comptait. J'avais songé à l'adopter, je dois dire, là ça ne serait certainement pas pour tout de suite mais peu importe, j'allais pouvoir la voir. Et elle était en sécurité, surtout. Maintenant tout irait mieux pour elle, en attendant qu'elle trouve une vraie famille, elle avait une famille d'accueil qui prendrait soin d'elle -légalement. Et puis ce centre ne pouvait pas être une si mauvais chose, de toute façon je me voyais très mal reprendre ma vie d'un seul coup, je n'avais plus rien, plus de travail, plus de logement, plus d'Aydan. « Je m'y engage votre honneur. » Le centre en question s'appelait Another Way. Il se trouve à Yellowknife; c'est pour cette raison que Winnie a été placée là-bas. Apparemment elle avait demandé à pouvoir me revoir.

Le lendemain, j'étais envoyée à Yellowknife, avec ma simple valise, celle-là même que j'avais transporté en prison, et avant cela que j'avais choisie pour m'accompagner dans ma folle course il y a de cela deux ans et huit mois. Mais si j'ai retrouvé ma liberté et que je sais Winnie en sureté, j'ai bien trop perdu pendant ces années. La prison m'a détruite, et je ne veux pas rester dans ce centre toute ma vie; je n'en peux plus de tous ces gens hypocrites qui croient tout savoir de vous. Ils ne savent pas ce que je ressens. Et Aydan... il me manque tellement. Je ne sais même pas où il est, il ne doit même pas savoir si j'existe encore. Est-ce qu'il m'a oubliée? Je ne supporte plus de le savoir loin de moi... Je l'aime encore, j'aurais souhaité ne jamais avoir à le perdre, souffrir son absence. Il me manque, j'ai le sentiment que je pourrai jamais plus avancer s'il n'est plus à mes côtés.
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